OPÉRATION DE POLICE
LE 30 MAI 1944 A LANNION


Le 20 mai 1944

L'armée d'occupation déclenche une vaste opération de police au petit matin, de nombreuses troupes estimées à 500 hommes cernent la ville.
Il est enjoint aux hommes de 18 à 50 ans de se rendre à 8h quai de L'Aiguillon aux abords du bureau de poste de Lannion, environ 500 personnes sont amenées à se rassembler.
Le sous-préfet de Lannion s'est rendu à l'annexe de la feldkommandantur, il lui a été déclaré "qu'il ne s'agissait nullement d'un prélèvement de main d'oeuvre ni de rechercher des réfractaires au travail en Allemagne, mais que les autorités allemandes sont persuadées qu'il existe à Lannion des individus exerçant des activités subversives et appartenant à des organisations terroristes ou de résistance".
En fait il semblerait que la vrai raison soit la désertion la veille d'un autrichien Franz Petrei enrôlé de force dans l'armée allemande.
Grâce à Corentin André le capitaine Maurice qui guida Franz Petrei et Madame Cécile Le Tensorer qui les hébergea tous les deux, le déserteur ne sera pas arrêté, malgré le dispositif mis en place et malgré que la maison dans laquelle ils se cachèrent rue des Chapeliers fut fouillée.
Les entrées et sorties de la ville furent interdites.
De nombreuses maisons sont fouillées les unes après les autres.
A Buzulzo un homme qui s'est caché dans une canalisation a été trouvé par les chiens.
Neuf personnes sont arrêtées.
Cinq personnes sont envoyées sous escorte à Saint-Brieuc.
Une personne est envoyée sous escorte à le feldgendarmerie de Plouaret (1).
Une personne est maintenue à Lannion.
Toutes sont relâchées quelques jours plus tard.
L'opération de police prend fin à midi, la troupe allemande se retire de la ville et rejoint ses casernements au camp d'aviation de Servel
Cette opération de police n'a pas eu de conséquence
s graves, aucune arrestation maintenue, aucun blessé, aucun mort.
Après la Libération

François Laurent avocat à Lannion fit partie des personnes arrêtées.
"J'ai été arrêté le 30 mai 1944 à Lannion à l'occasion d'une rafle organisée par les allemands qui avaient rassemblé sur le quai de l'Aiguillon tous les hommes âgés de 16 à 50 ans. Le soir même alors que j'étais détenu dans une salle au café Arzur, l'officier de la Gestapo qui m'a interrogé le matin et qui m'a dit que j'étais communiste, m'a dit que j'avais été dénoncé. J'ai été libéré le 7 juin 1944. A mon retour j'ai su que j'avais été dénoncé par deux femmes Le P... et L... Cette dernière m'en voulait car j'avais été l'avocat de son mari dans une affaire d'adultère et que je l'avais fait condamner".

L'époux L...
"Elle m'a abandonné pour aller vivre avec un collabo. J'ai demandé le divorce et il a été prononcé en ma faveur".
Sources : Archives Départementales des Côtes d'Armor.
(1) à la maison de la Pépinière en vue d'y subir un interrogatoire, dans cette feldgendarmerie des spécialistes de la torture y opéraient.